DANS LA MARGE

et pas seulement par les (dis) grâces de la géographie et de l'histoire...

samedi 30 janvier 2010

P. 231. Il neige sur Signy-le-Petit

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Clocher de l'église St-Nicolas à Signy-le-Petit (Ph. JEA / R).

Cousine des églises fortifiées de l'Aisne
celle de Signy-le-Petit
en Ardennes...

Ce chef lieu de canton, en vue aérienne prend l'aspect d'un carrefour entre les :

- D 34, venant de Tarzy et menant ensuite à La Neuville-aux-Joûtes,
- D 20 s'en allant quitter les Ardennes en direction de St-Michel l’Abbaye dans l'Aisne,

- D 10 se glissant avec un brin de fantaisie vers la frontière belge qui se dressera après La Gruerie...

Cette proximité immédiate avec la Belgique ne fut pas sans handicaper Signy du fait de l'interdit militaire frappant la construction de routes permanentes à la frontière. Après d'âpres débats et efforts de la part de la municipalité, le réseau routier actuel ne put se structurer qu'entre 1850 et 1890.

Prenant votre compas, la pointe posée sur l'église, vous obtiendrez une circonférence qui partant de l'ouest, passera par :

- La Fosse Aubry, la Croix Colas, la Taille de la Forge, la Pierre à la Vierge, le Pré Hugon, la Taille de la Croix Bala, la Garenne Madame, le Pré Patin, la Valeroy, les Hautes Soquettes, la Buse, la Justice, le Bois de la Rouchette, les Evallées…

Tour-Porche (Ph. JEA / DR).

Les familiers de ce blog et plus encore les passionnés des églises fortifiées de l'Aisne se passeront volontiers de lourds commentaires sur ce qui distingue du premier coup d'oeil cette fortification religieuse de ses cousines de Thiérache. Ici pas de briques. Mais du schiste quartzeux.

Il faut reconnaître qu'à Signy, la population devait être sursaturée des guerres, des violences et des vandalismes à grande échelle. En effet, la localité avait été marquée par :
- une première destruction par le feu en 1340,
- une mise-à-sac générale en 1521,
- un incendie général bouté par les Espagnols en 1636, ces troupes très catholiques n'oubliant pas au passage de réduire à néant l'église...

Façade sud (Ph. JEA / DR).

Non seulement le schiste quartzeux assurait une solidité de nature à impressionner la soldatesque agressive, mais en fortifiant cette église du XVIIe, ses bâtisseurs ne chipotèrent pas sur les moyens et lui voulurent des murs épais de 3 mètres à la base de la tour-donjon !

Machicoulis, échaugettes, bretèches... Ce lieu du culte n'avait visiblement plus l'intention de servir de défouloir aux spadassins et autres mercenaires grands amateurs de crimes, de viols et de dévastations...

Arrière sud-est de l'église (Ph. JEA / DR).

Quelques chiffres pour les amateurs de concret :

- 36 mètres de long,
- un peu plus de 10 mètres de largeur,
- 12 mètres de hauteur sous les voûtes
- 30 mètres de hauteur pour la flèche du clocher.

Par contre si je me garde bien d'être fâché avec l'Office du Tourisme, sa présentation de l'église St-Nicolas me laisse perplexe quant aux dates.
Selon l'OT :
- "La construction demanda 6 années de travail, entre 1680 et 1686, comme le montrent les dates situées, pour l'une dans la façade de la Tour (1680), et l'autre à l'extérieur, au dessus d'un machicoulis (1686)".
L'actuelle météo avec nos routes peu praticables exclut l'ouverture du pavillon du Tourisme et donc empêche de l'interroger sur ses références.

Cependant, le cliché ci-après, pris sur la façade Est, atteste d'une autre date, antérieure à 1680 puisqu'il s'agit de : 1656.

Bretèche avec datation (cliquer sur la photo pour l'agrandir, Ph. JEA / DR).

A l'arrière de l'église, le monument aux morts sous forme d'une déesse de la victoire. Elle tourne le dos à la mairie qui servit de "Commandantur" lors de l'occupation de 14-18.
Dépouillant actuellement des archives municipales, j'y ai retrouvé des preuves des aides apportées par la populaion du canton à des soldats français cherchant à échapper à leur capture par les Allemands. Et même à regagner le front, mais par le Nord.
De lourdes sanctions financières ont cherché à punir collectivement les Ardennais d'ici, avec prise d'otages parmi les notables. Les hommes furent internés à la citadelle d'Hirson (Aisne) et les femmes à Signy, dans le bâtiment des Franciscaines Réparatrices de Jésus-Hostie.
Mais c'est une autre histoire... Tout comme celle de Claude Piéplu qui a laissé son nom à la médiathèque.

Signy-le-Petit à ses enfants morts pour la patrie (Ph. JEA / DR).

8 commentaires:

Brigetoun a dit…

superbe masse et beauté du schiste, de la forme générale, des détails. (pour la date : éventuellement, ré-emploi ?)

D. Hasselmann a dit…

Sous la neige, églises bellement mortifiées mais solides, l'année 1656 ne fait pas peur à leur présence.

Vous les avez donc rencontrées tout récemment.

JEA a dit…

@ brigetoun

la destruction : 1636
la nouvelle église : à partir de 1680
la date photographiée : 1656...

voilà l'énigme

JEA a dit…

@ David

seul regret devant cette place de Signy : l'absence de réverbères dignes de ce nom

Tania a dit…

Trois mètres, mazette !
La Victoire du monument aux morts semble avoir perdu sa lance. ("Victoire" au fém. sing. comme la défaite, tiens.) Je préfère Athena avec sa chouette.

JEA a dit…

@ Tania

cette lance, même destin que celui de la trompette de l'ange, ancienne fontaine de Namur
... vandalisme sans imagination

mais à propos de hibou, l'ancien relais de poste qui borde la place porte le nom de "hulotte" (hôtel restaurant pas seulement pour noctambules)...

Zoë Lucider a dit…

Cher JEA, je ne sais ce qui s'est passé mais ma liste de blog a disparu a quelques rares près. Comme nous partageons beaucoup d'amitiés de blogs, je viens me réapprovisionner en liens en même temps que vous demander si cette mésaventure vous est déjà arrivée

JEA a dit…

@ zoé lucider

plus nul en informatique que moi, le concours est clos depuis belle lurette...
n'empêche que votre mésaventure m'a été épargnée jusqu'ici
par contre, j'ai dix billets qui eux, se sont évadés ou été kidnappés
ne ressemblant en rien à Cocteau, je ne feins même pas d'organiser ces mystères...