DANS LA MARGE

et pas seulement par les (dis) grâces de la géographie et de l'histoire...

mardi 31 mars 2009

P. 95. La résistance de Klaus Mann face à la barbarie

Klaus Mann, Contre la barbarie 1925-1948, Ed. Phébus, 2009, 368 p.

Ed. Phébus :

- "De Klaus Mann, fils aîné du Prix Nobel de littérature Thomas Mann, on connaît surtout son roman Mephisto et son autobiographie, Le Tournant, qui éclipseront son incessante activité politique. Dès la montée du nazisme, l’auteur multiplie articles, essais, conférences et discours, tous écrits d’une plume aussi fervente que tranchante.

L’image trop souvent véhiculée dans les années 30 d’un Klaus Mann doué mais superficiel, velléitaire, vole en éclats.
Le jeune homme se métamorphose en farouche opposant à Hitler. Celui qui très tôt eut le sentiment d’appartenir à une génération sacrifiée, née et élevée sur des ruines, est l’un des premiers à dénoncer le caractère totalitaire et militariste du nazisme ainsi que sa nature excessivement méthodique.

Réunis ici pour la première fois à l’initiative de Dominique-Laure Miermont, ces 67 essais, écrits entre 1925 et 1948, d’une haute tenue littéraire, d’une vigueur et d’une clarté remarquables, forcent l’admiration. Universels, les textes de Klaus Mann valent pour toutes les dictatures, et résonnent aujourd’hui aussi fort qu’hier – le combat engagé au début du XXe siècle contre la barbarie n’étant, hélas, pas terminé."

Michel Crépu (Préface) :

- "Klaus Mann n'était pas juif, il était pétri de cette culture allemande dont son père, Thomas Mann, le Magicien, et son oncle Heinrich, le républicain, l'admirateur de Zola et de la France, furent pour lui les si précieux transmetteurs : on a vu dans d'autres cas comme cet héritage incomparable se révéla insuffisant.

Klaus Mann eût pu rejoindre les rangs de cette élite culturelle, littéraire, qui trouvait aux nazis un air original, quasi amusant, certes un peu vulgaire, mais allant dans le bon sens. Combien d'écrivains européens furent capables, au même moment, d'une telle capacité de discernement ?"

Klaus Mann :

Hitler :

- "Un individu agité, mauvais et nullement intelligent. On peut l’affirmer sans sous-estimer l’adversaire. Et ses conseillers ne sont ni très malins ni très modérés.
- Le terrible regard d’un homme qui est dans l’incapacité physique de voir autre chose que ce qu’il veut engloutir (…) Ce brin de folie dans les yeux."

Nazisme :

- "Ce que les nazis appellent si vaniteusement leur « dynamique », ce n’est rien d’autre qu’un principe d’agitation qui leur est propre, une agitation agressive, extrêmement dangereuse pour l’entourage mais aussi pour nous-mêmes."
- "Le national-socialisme est, entre autres, la dictature de la médiocrité du goût."

Antisémitisme :

- "Leur haine bestiale contre les juifs n’est qu’un système, une expression de leur haine contre la civilisation, contre l’esprit : pour les nazis, le juif représente tout simplement l’intellectuel."


Photo : Entrée en Autriche des troupes allemandes (DR).

André Rollin :

- « Le tournant », autobiographie de Klaus Mann (fils de Thomas), fit sensation lors de sa publication en France en 1984. L’auteur s’était suicidé à Cannes, le 21 mai 1949 (à l’âge de 43 ans), « dans le plus grand isolement » comme l’écrit Michel Crépu, préfacier de l’ouvrage.
Ce Klaus Mann qui, toute sa vie – il quitta l’Allemagne en 1933 -, ne cessa d’écrire et de publier contre Hitler, « ce minable paradoxal », comme il l’avait surnommé. Cela dura pendant les douze années du pouvoir nazi."
(Le Canard enchaîné, 25 mars 2009).

Thomas Wieder :

- "Soixante-sept textes de Klaus Mann, principalement des articles et des conférences, qui paraissent aujourd'hui sous le titre Contre la barbarie.
Rédigés pour la plupart entre 1933 et 1945, jamais traduits en français à l'exception de quelques-uns, ils ne représentent certes qu'une petite partie des écrits politiques de Klaus Mann. Mais leur publication est doublement importante : d'abord parce qu'ils rappellent que le fils de Thomas Mann, en plus d'avoir été un excellent romancier et un mémorialiste de génie, fut aussi un essayiste brillant et prolifique ; ensuite parce qu'ils permettent de prendre la mesure des deux qualités qui ne lui firent jamais défaut : un discernement étonnamment précoce et une intransigeance absolue."
(Le Monde, 27 mars).

Photo : Symbole de la barbarie, autodafé de livres (DR).

Pierre Assouline :

- "Ce qui paraît évident avec le recul l'était nettement moins au début des années 1930. Car Klaus Mann n'a pas attendu la démonstration de l'immonde pour attaquer, s'indigner, dénoncer. Ni atermoiement ni tergiversation. Une ligne, une seule : on ne dîne pas avec le diable, fût-ce avec une longue cuillère. Pas la moindre compromission, pas le moindre répit..."
(Le Magazine Littéraire, mars 2009).

- "Au fond, son reproche fondamental au nazisme, au-delà des procès d’intention sur les crimes qu’il s’apprête à commettre, c’est d’être viscéralement « hostile à l’esprit ». D’être infiniment responsable de « la déroute de l’esprit allemand ». Qui dira après cette (re)découverte que Klaus Mann était un être frivole ? Lucidité, gravité, sagesse. Une rareté."
(la république des livres, 18 mars).




2 commentaires:

D. Hasselmann a dit…

Belle analyse et synthèse concernant ce livre qui arrive au moment où il est nécessaire de prendre du recul par rapport à la situation politique présente, et qui nous montre que l'esprit est et demeure avant tout résistance.

JEA a dit…

@ Dominique Hasselmann
Et quand la résistance passe aussi par la photographie, votre blog y participe.